Compositeur : Aníbal Troilo
Paroles : Homero Manzi
Version 1942 : Orchestre Aníbal Troilo – Chant : Francisco Fiorentino
Traduction : Fabrice Hatem
Barrio de tango (1942) | Faubourg tango |
Un pedazo de barrio, allá en Pompeya,* | Un bout de faubourg, là-bas à Pompeya, |
durmiéndose al costado del terraplén. | Somnolent à côté du terre-plein. |
Un farol balanceando en la barrera | Une lanterne qui se balance sur la barrière |
y el misterio de adiós que siembra el tren. | Le mystère de l’adieu semé par le train. |
Un ladrido de perros a la luna. | Des chiens qui aboient à la lune. |
El amor escondido en un portón. | L’amour caché sous un portail. |
Y los sapos redoblando en la laguna* | Les crapauds croassant sur la lagune |
y a lo lejos la voz del bandoneón. | Et, en plus, la voix du bandonéon. |
Barrio de tango, luna y misterio, | Faubourg tango, lune et mystère, |
calles lejanas, ¡cómo estarán! | Rues lointaines ! Que devenez-vous ? |
Viejos amigos que hoy ni recuerdo, | Vieux amis dont l’image s’efface |
¡qué se habrán hecho, dónde estarán! | Qu’avez-vous fait , où êtes-vous ? |
Barrio de tango, qué fue de aquella, | Faubourg tango qui fut à elle, |
Juana,* la rubia, que tanto amé. | Juana la blonde, que j’aimais tant ! |
¡Sabrá que sufro, pensando en ella, | Comme j’ai souffert pensant à elle, |
desde la tarde que la dejé! | Depuis le jour où je l’ai quittée ! |
Barrio de tango, luna y misterio, | Faubourg tango, lune et mystère, |
¡desde el recuerdo te vuelvo a ver! | Mon souvenir revient vers toi ! |
Un coro de silbidos allá en la esquina. | Sifflets en chœur au coin des rues. |
El codillo llenando el almacén. | Joueurs de cartes plein les bistrots. |
Y el dramón de la pálida vecina | Et la douleur de cette pâle voisine |
que ya nunca salió a mirar el tren. | Qui, un jour ne sortit plus guetter le train. |
Así evoco tus noches, barrio ‘e tango, | J’évoque tes nuits, faubourg tango, |
con las chatas entrando al corralón | Avec les charrettes qui rentrent à l’enclos |
y la luna chapaleando sobre el fango | La lune faisant des ronds dans la boue |
y a lo lejos la voz del bandoneón. | Et au loin, la voix du bandonéon. |
* Pompeya : quartier du sud de Buenos Aires. Le sud par excellence, notamment grâce à ce tango.
* Des résurgences deltaïques parsemaient alors cette zone fluviale d’étangs et de lagunes. El « amacén » dont il est question plus bas s’appelait « la laguna ».
* Juana Rubino : une adolescente qui habitait non loin du collège Luppi où Homero Manzi fit ses études secondaires.