Version 1944 – Orchestre Miguel Caló Chant Raúl Iriarte
Música : Hugo Gutiérrez Letra : Homero Manzi
Homero Manzi fut le premier à transformer les paroles du tango en poèmes qui sont, pour la plupart, de nostalgiques cartes postales des quartiers de Buenos Aires : maisons basses avec leurs grilles en fer forgé et leur vigne vierge collée au mur ; personnages devinés ou entrevus aux fenêtres du collège de Pompeya où Manzi fut interne pendant plusieurs années ; souvenirs – souvent racontés – des dernières gouapes.
En d’autres termes, le monde de Homero Manzi est celui du paradis perdu de l’enfance, une ville où l’on s’imagine que les jours étaient meilleurs. Homero Manzi écrivit aussi l’amour déchirant et perdu. Ses métaphores sont simples, strictement visuelles. Elles s’appuient sur un artifice très employé dans la poésie de l’époque : l’énumération, la somme des éléments indispensables pour restituer un décor.
Traduction : F. Benoist / Al tango fuerte
Después (1944) | Plus tard |
Después … | Plus tard…… |
La luna en sangre y tu emoción, | La lune de sang et ton émotion, |
y el anticipo del final | Et l’avant-goût de la fin |
en un oscuro nubarrón. | Dans un gros nuage noir. |
Luego … | Alors…. |
irremediablemente, | Irrémédiablement, |
tus ojos tan ausentes | Tes yeux si absents |
llorando sin dolor. | Qui pleurent sans douleur. |
Y después… | Et ensuite….. |
La noche enorme en el cristal, | L’immense nuit sur la vitre, |
y tu fatiga de vivir | Et ta fatigue de la vie |
y mi deseo de luchar. | Et mon envie de lutter. |
Luego … | Alors…. |
tu piel como de nieve, | Ta peau de neige, |
y en una ausencia leve | Et, en une absence légère |
tu pálido final. | Ta pâle fin. |
Todo retorna del recuerdo : | Tout revient à ma mémoire : |
tu pena y tu silencio, | Ton chagrin et ton silence, |
tu angustia y tu misterio. | Ton angoisse et ton mystère. |
Todo se abisma en el pasado : | Tout se plonge dans le passé : |
tu nombre repetido … | Ton nom répété….. |
tu duda y tu cansancio. | Ton doute et ta lassitude |
Sombra más fuerte que la muerte, | Ombre plus forte que la mort, |
grito perdido en el olvido, | Cri perdu dans l’oubli, |
paso que vuelve del fracaso | Un pas qui revient de l’échec |
canción hecha pedazos | Chanson brisée en morceaux |
que aún es canción. | Qui est encore une chanson. |
Después … | Plus tard….. |
vendrá el olvido o no vendrá | L’oubli viendra ou ne viendra pas |
y mentiré para reír | Et je me mentirai pour rire |
y mentiré para llorar. | Et je me mentirai pour pleurer. |
Torpe | Maladroit |
fantasma del pasado | Fantôme du passé |
bailando en el tinglado | Dansant dans le hangar* |
tal vez para olvidar. | Peut-être pour oublier. |
Y después, | Et ensuite, |
en el silencio de tu voz, | Dans le silence de ta voix, |
se hará un dolor de soledad | Viendra la douleur de la solitude |
y gritaré para vivir… | Et je crierai pour vivre…. |
como si huyera del recuerdo | Comme si j’échappais au souvenir |
en arrepentimiento | Dans le repentir |
para poder morir. | Pour pouvoir mourir. |
(*) Les lieux pour danser étaient très variés, des clubs et des salons du centre ville, jusqu’aux hangars des faubourgs. Les hangars reviennent maintenant à la mode à Buenos Aires. C’est même plutôt tendance.