Version : Carlos Di Sarli (1954)
Chant : Mario Pomar
TORMENTA (1939) | ORAGE (1939) |
Compositeur et paroles : Enrique Santos Discépolo | |
Traduction Olivier Elissalt | |
¡Aullando entre relámpagos, | Hurlant entre les éclairs, |
perdido en la tormenta | perdu dans la tempête |
de mi noche interminable, | de mon interminable nuit |
¡Dios! busco tu nombre… | Dieu ! Je cherche ton nom… |
No quiero que tu rayo | Que tes foudres au milieu de l’horreur, |
me enceguezca entre el horror, | ne m’aveuglent pas |
porque preciso luz | car j’ai besoin de ta lumière |
para seguir… | pour continuer… |
¿Lo que aprendí de tu mano | Ce que j’ai appris de ta main |
no sirve para vivir? | n’aide-t-il pas à vivre ? |
Yo siento que mi fe se tambalea, | Je sens que ma foi vacille, |
que la gente mala, vive | que les méchants, Dieu, |
¡Dios! mejor que yo… | vivent mieux que moi… |
Si la vida es el infierno | Si la vie est un enfer, |
y el honrado vive entre lágrimas, | si l’honnête homme vit dans les larmes, |
¿cuál es el bien… | Où est le bien |
del que lucha en nombre tuyo, | de celui qui lutte en ton nom, |
limpio, puro?…¿para qué? | immaculé et pur ? A quoi bon ? |
Si hoy la infamia da el sendero | Si aujourd’hui, l’infamie montre le chemin |
y el amor mata en tu nombre, | et l’amour tue en ton nom, |
¡Dios! lo que has besado… | Dieu ! ce que tu as embrassé… |
El seguirte es dar ventaja | en te suivant, on laisse faire le mal, |
y el amarte sucumbir al mal. | en t’aimant, on lui succombe. |
No quiero abandonarte, yo, | Je ne veux pas t’abandonner, moi, |
demuestra una vez sola | il suffit d’une fois pour démontrer |
que el traidor no vive impune, | que le traître ne vit pas impunément |
¡Dios! Para no odiar | Dieu ! Pour ne pas haïr |
al mundo que me desprecia, | le monde qui me méprise, |
porque no aprendo a robar… | parce que je n’apprends pas à voler… |
Y entonces de rodillas, | Et alors, à genoux, |
hecho sangre en los guijarros, | En sang sur les chemins de pierre, |
moriré con vos, ¡feliz, Señor! | je mourrai avec toi, heureux, Seigneur ! |
Enrique Santos DISCÉPOLO est né en 1901 d’un père musicien napolitain et d’une mère argentine.
« Sa vision du monde, à la fois sceptique et désespérée a rendu le tango circonspect et métaphysique. C’est lui qui, le premier, a établi les paramètres éthiques reflétant aussi bien les douleurs personnelles les plus secrètes qu’une réalité sociale et politique régie par l’absence de morale. » Horacio Salas ( Le Tango )
Discépolo disait : » Un tango peut s’écrire avec un seul doigt, à condition que ce soit aussi avec l’âme. Un tango, c’est l’intimité la plus secrète mais c’est aussi un cri dénudé qui s’élève. »
Beaucoup de ses tangos furent censurés ou interdits pendant la « Décade infâme » (1930-1943).
Il est mort en 1951.