FUIMOS – 1945

Version : Aníbal Troilo (1946)
Chant : Alberto Marino

Compositeur : José Dames
Paroles : Homero Manzi

Ce poème d’Homero Manzi contredit le lieu commun qui dit que les tangos sont machistes. Dans ce cas, il n’y a ni ressentiment, ni propos de vantard. Il y a de la douleur, beaucoup de douleur, une grande sensation d’échec devant les alternatives ou les carrefours que la vie met devant deux personnes qui doivent vivre l’expérience de se séparer alors qu’ils s’aiment.

Traduction Fabrice HATEM

Fuimos    (1945) Nous fûmes
Fui como una lluvia de cenizas y fatigas Ce fut comme une pluie de cendres et de fatigue
en las horas resignadas de tu vida…  Dans les heures résignées de ta vie…..
Gota de vinagre derramada,    Gouttes de vinaigre répandues
fatalmente derramada, sobre todas tus heridas. Fatalement répandues sur toutes tes blessures.
Fuiste por mi culpa golondrina entre la nieve Tu fus par ma faute hirondelle dans la neige,
rosa marchitada por la nube que no llueve. Rose assoiffée de pluie.
Fuimos la esperanza que no llega, Nous fûmes l’espérance sans lendemain,
que no alcanza Sans hâvre,
que no puede vislumbrar su tarde mansa. Qui ne peut voir au loin l’apaisement du soir
Fuimos el viajero que no implora, Nous fûmes le voyageur qui n’implore,
que no reza, Ni ne prie,
que no llora, que se echó a morir. Qui ne pleure pas et s’allonge pour mourir.
¡Vete…! Vas-t-en ….!
¿No comprendes que te estás matando? Ne comprends-tu pas que tu te tues ?
¿No comprendes que te estoy llamando? Ne comprends-tu pas que je t’appelle ?
¡Vete…! Vas-t-en ….!
No me beses que te estoy llorando Ne m’embrasse pas pendant que je te pleure
¡Y quisiera no llorarte más! Et que je voudrais ne plus te pleurer !
¿No ves?, Ne vois-tu pas ?
es mejor que mi dolor Il vaut mieux que ma douleur
quede tirado con tu amor Reste cachée et ton amour libéré
librado de mi amor final Enfin de mon amour.
¡Vete!, Vas-t-en !
¿No comprendes que te estoy salvando? Ne comprends-tu pas que je te sauve ?
¿No comprendes que te estoy amando? Ne comprends-tu pas que je t’aime ?
¡No me sigas, ni me llames, Ne me suis pas, n’appelle pas,
ni me beses  Ne m’embrasse pas,
ni me llores, ni me quieras más! Ne me pleure pas, ne m’aime plus.
Fuimos abrazados a la angustia Nous fûmes arrimés à l’angoisse
de un presagio D’un présage
por la noche de un camino sin salidas, Dans la nuit d’un chemin sans issue.
pálidos despojos de un naufragio Pâles rescapés d’un naufrage
sacudidos por las olas del amor y de la vida. Secoués par les vagues de l’amour et de la vie.
Fuimos empujados en un viento desolado… Nous fûmes emportés par un vent désolé…
sombras de una sombra que tornaba del pasado. Ombre d’une ombre surgie du passé.
Fuimos la esperanza que no llega, Nous fûmes l’espérance sans lendemain,
que no alcanza,  Sans hâvre,
que no puede vislumbrar su tarde mansa. Qui ne peut voir au loin l’apaisement du soir
Fuimos el viajero que no implora, Nous fûmes le voyageur qui n’implore,
que no reza, Ni ne prie,
que no llora, que se echó a morir. Qui sans pleurer, s’allonge pour mourir.

Association de Tango Argentin depuis 1992